Saturday, May 26, 2007

UNE AVENUE, UNE RUE, UN HOMMAGE (3)


UNE AVENUE, UNE RUE, UN HOMMAGE
(Troisième partie)

Nous continuons notre promenade dans la Rue du R’bat, notre avenue des Champs-Elysées.

Quelle est cette ruelle qui fait le coin avec notre « avenue » ?

J’aperçois à son extrémité le grand hangar de vente de vins, bières et liqueurs de MARCEL BARCHECHAT. Son frère, JOSEPH z’’l, qui gérait cet immense dépôt célèbre pour ses vins de bons crus, était le mari de ma cousine SULTANA z’’l. C’était un merveilleux couple que j’aimais et adorais. Que leurs âmes reposent en paix!

JOSEPH z’’l était grand érudit et mélomane de la musique

andalouse et c’est grâce à son initiation que j’ai découvert les premiers rudiments de cette discipline tant appréciée pour ses rythmes et ses mélodies.

SULTANA z’’l était un fin cordon- bleu, toujours souriante.
Je me souviendrai toujours de ses mets, si bien et délicatement mijotés, qu’elle nous offrait avec amour lors des anniversaires de sa chère fille VIVIANE, que j’embrasse tendrement ainsi que sa sœur RAQUEL et ses frères JACKY et ERIC.

Si je m’engage dans cette ruelle, à ma droite je vois encore ces minuscules boutiques de cordonniers, d’une surface restreinte d’un mètre et demi sur deux (maximum) et dont le service rapide n’a d’égal que la concurrence acharnée pour attraper le plus grand nombre de clients.

Quand le cordonnier (que tu as choisi après les allées et venues, questions, marchandages et… flair) « ausculte son patient » (en l’occurrence ta chaussure à réparer, qui tremble de peur et d’appréhension) tu as l’impression que le diagnostic qui en suivra te coutera les yeux de la tête !

Mais non, calme toi, quelques dirhams tout au plus, un large sourire et quelques bénédictions marocaines qui te donneront chaud au cœur et de l’énergie positive pour toute la journée !

Il y aussi ces lilliputiens dépôts d’huiles d’olive, argan ou arachide.
Ces huiles te sont présentées dans des tonneaux dans lesquels le marchand puise sa louche afin de remplir somptueusement ta bouteille, au goulot déjà muni d’un entonnoir, avec des gestes de va et viens rapides et précis pour… des prunes.

C’est aussi cela mon SAFI, le respect du métier et au diable la pécune !

J’avance de nouveau dans la rue du R’bat et voici à ma gauche, prés de la Quissariat, le marchand de S’FEINJE (beignets….et que d’huile !), SHBAKIIA (gâteaux doux) et GHREIIBA (gâteaux au beurre).

Tu peux commander un bon thé à la menthe et te régaler avec ces gâteaux nationaux. C’est un instant de dégustation et de plaisir à ne pas rater, ne serait-ce que pour assister à la cérémonie du remplissage du verre par le garçon de café :

Il commence le déversement avec sa théière collée au verre aux motifs dorés et soudain tu la vois décoller vers l’espace toujours pointée au dessus de sa cible (il ne la rate jamais !) et en regardant ce thé couler à flot en formant une merveilleuse mousse blanche et des bulles, tu t’emportes dans des rêves au gré de ton imagination...

Alors tu te promets qu’un beau jour tu visiteras les chutes du Niagara ! Ni plus ni moins !

Car...A cœur safiot, rien d’impossible ! Tu grandis, comme ton serviteur, à grandes doses de sardines et de poissons de tous les goûts et couleurs. Cette nourriture te rend vaillant et vigoureux pour toujours.


GUEDALIA ABENHAIM (GADY EVEN-HAIM)



UNE AVENUE, UNE RUE, UN HOMMAGE (2)

UNE AVENUE, UNE RUE, UN HOMMAGE
(Deuxième partie)

Tu entres dans la BOULANGERIE – PATISSERIE MAHE.
Est-ce Maitre MAHE trônant derrière son comptoir ou bien son vendeur ?

Si c’est le Sieur MAHE en personne, tu commandes, par exemple, un mille-feuille.
Le mille-feuille de Maitre MAHE ! D’un goût et d’une réputation jamais égalés de part le monde !

Ce gâteau de pâte feuilletée garni de crème pâtissière à la vanille que tu entames délicatement à plein dents pour que cette saveur ne dégouline de partout ! Malgré cela te voici entrain de lécher les doigts pour ne rien
perdre de cette divine coulée. Les copains en profitent pour t’exprimer leur connotation…..nada ! … car le jeu en vaut la chandelle...et le goût !

Sans oublier évidemment les baguettes, les petits pains, les croissants, les pièces montées, les gâteaux d’anniversaire, les gâteaux secs ou aux fruits de la saison ainsi que le baba imbibé de rhum ou de kirsch.

Est-ce le vendeur qui t’accueille ?
Alors là, c’est une autre paire de manches qui t’attendrait dans le cas ou tu ne serais pas au courant d’un mot à éviter d’utiliser :

EL’AASSEL (le miel) !
Que de mini-drames ce mot peut-il engendrer si par maladresse tu le prononçais devant ce vendeur !

Un jour je fus témoin de ce dialogue:
Client : jib li keumera skheuna ! (donne moi un pain chaud)
Vendeur : hak !(tiens)

C:-coupant le pain en deux et se plaignant- ass hada ! had el khebz aamer b’laassel ! (qu’est ce que c’est que ca, ce pain est plein de miel !)
V : -qui commence à s’énerver- ma yiqderss ikeune ! had el khebz ma fihss el’ aassel ! (ce n’est pas possible ! ce pain ne contient pas de miel !)
C : - plongeant son doigt dans la mie du pain et suçant un miel imaginaire
et criant- fihe el’ aassel ! fihe el’ aassel ! (il contient du miel ! il contient du miel)
V: - à bout de nerfs et sautant par-dessus le comptoir dans un premier effort de saisir le client- ya weld el’hram daba ana en’ saouwbelk eshghelk ! (espèce de bâtard je vais te régler ton compte maintenant !)

Et du coup je te vois le client se sauver en trombe et le vendeur à ses trousses. Je me retrouvais seul dans la boulangerie attendant le retour du vendeur.

Il retourna quelques minutes après, suant, injuriant, fulminant et profondément déçu des résultats de sa poursuite. Presque instantanément voici notre client qui se pointe de nouveau à l’entrée, souriant triomphalement et notre vendeur de lui rendre la pareille…

Le comble de ma surprise arriva quand le client paya le pain, laissa un pourboire au vendeur et l’invita même à boire un JUDOR.

Le miel…Plus d’une fois par la suite je rencontrais d’autres personnes allergiques aussi à ce mot. Ce qui m’impressionnait le plus dans leur comportement était cette faculté de passer l’éponge et oublier l’incident une fois la « crise » passée. Jusqu’ à ce jour cette énigme m’est restée difficile à comprendre.

Je vous envoie donc une douce, mielleuse et compatissante pensée, chers vendeurs ou autres, si chatouilleux vis-à-vis de cette substance sucrée et parfumée produite par les abeilles pour le bonheur des hommes….et des femmes…

GUEDALIA ABENHAIM (GADY EVEN-HAIM)

UNE AVENUE, UNE RUE, UN HOMMAGE ( 1 )

UNE AVENUE, UNE RUE, UN HOMMAGE
(Première partie)

CHAMPS –ELYSEES, avenue de PARIS, longue de 1 880 m de la place de la Concorde à la place Charles de Gaulle (anc. Place de l’étoile). Bordée de jardins en son commencement, cette avenue remonte vers l’Arc de triomphe.

RUE DU R’BAT, “avenue” de SAFI, longue de plus de 1 880 m du
carrefour de Sidi Ouassel-Café de France-Cinema Roxy à la place du R’bat avec son CHATEAU DE MER PORTUGUAIS, sa POSTE et son CAFÉ MAJESTIC.

Le CAFE MAJESTIC. Aujourd'hui disparu, appartenait à MADAME DALLA, habillée en sari composé d'une pièce de soie, drapée et ajustée sans coutures ni épingles sur son corps de princesse hindoue.

Elle tenait avec brio une immense salle qui servait une clientèle issue de toutes les classes sociales safiotes sans distinction de race ou de religion.

Tout ce joli monde passait le temps ensemble, après les heures de travail, dans une atmosphère en général amicale et dans un nuage de fumée de cigarettes quasi permanent.

Parfois cette ambiance se perturbait à cause de l’abus d’alcool d’un client, sa poisse au poker ou de mauvaises cartes associées à un bluff entrainant un « solde » au résultat désastreux.
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La rapide intervention de la propriétaire faisait instantanément son effet quand elle offrait une tournée à son compte aux belligérants et un double arrosement au perdant, remède indispensable (si j’ose m’exprimer ainsi) pour que le pauvre mec puisse oublier les affres de sa défaite, ne serait-ce que pour quelques heures.

Madame DALLA nous apparaissait alors comme une nymphe vivante et pub ambulante faisant la promo pour son guide ancestral, le KAMA- SUTRA, un traité de l’art d’aimer, écrit entre le IVe et le VIIe siècle, mais encore et surtout très instructif et d'une actualité qui a su tenir ... le coup et ce, grâce à des années d'expérience acquise et accumulée par une longue... pratique pour en tirer… le meilleur !

Ceci dit... Honni soit qui mal y pense !

Et si nous revenions à nos moutons?

Notre avenue de SAFI est bordée de QUISSARIATS (Arrières grands parents des MALL et centres commerciaux de nos jours) avec leurs magasins de tissus aux couleurs multicolores, caftans, bijouteries, boutiques et leurs robes suspendues aux murs extérieurs et intérieurs des magasins et …j’en passe.

L’avenue des Champs-Elysées a ses cafés célèbres, métros, boutiques de grands couturiers, le Lido de Paris, les MALL, les pâtisseries, son pub Renault, ses bistrots, ses belles voitures, taxis, autobus et…j’en passe.

Oui, je vous le jure, notre rue du R’bat mesure au moins au moins 1880m, si ce n’est pas plus ! Vous avez l’air sceptique ! Et pourtant je ne suis ni TARTARIN (de Tarascon) ni MARIUS (de Marseille) ! Je n’exagère en rien !…Et je ne suis pas le seul safiot à y croire !...Vous savez quoi ? Suivez-moi !
Avez-vous déjà essayé de l’emprunter ou de vous y promener?

Viens…Viens !.
Tu commences d’en haut, tu laisses le Roxy derrière toi, et tu t’engages dans ton avenue..du R’bat.
A ta gauche c’est tout de suite l’agence d’assurances de FRANCIS HERMAN. Grand sportif cycliste aussi et accro de la petite reine avec son équipe formée de HAIME-JAIME ISRAEL, ROGER VIVES et mon cousin HENRY OHAYON.
HENRY monta un beau jour en ISRAEL avec sa famille et y devint le Champion national de course cycliste durant les années 50 et 60. Ses jeunes frères VICTOR et MEIR suivirent sa trace et décrochèrent à leur tour les Championnats d’ISRAEL. Comme quoi, bon sang ne peut mentir !

A ta droite, c’est le Grand Magasin de THAMI BRISSEL avec ses stéréos, radios, magnétophones, microsillons, télévisions, hauts parleurs, fours, butagaz, frigidaires, articles ménagers et instruments de musique.

Tu continues ta promenade, les trottoirs sont toujours bondés donc tu avances sur le sentier même et tu luttes avec les voitures klaxonnant sans arrêts, les cabriolets, les ânes et mulets avec leurs couffins (SHOUARIS) pleins à craquer ou tirant des charrettes chargées à bloc et leurs propriétaires criant à tue-tête BALAK ! BALAK ! (ATTENTION ! ATTENTION ! DEGAGEZ ! DEGAGEZ !).

Ah ! Et les carrosses tirés par leurs chevaux avec le bruit des sabots sur l’asphalte ? Et le cocher ? Un as de l’esquive ! Et ce n’est pas les mouches du coche (ses voyageurs) qui manquent à ce malheureux qui doit se frayer son chemin à tout prix pour arriver à bon port !
Et n'oublie pas aussi ce gosse qui fait de l'auto-stop en sautant sur les barres transversales de suspension à l'arrière du carrosse pour s’y asseoir, au risque de se casser le cou.

Cet enfant là, mon cher lecteur safiot, c’était toi, moi, quelqu'un des tiens ou des miens. Tu t’y reconnais ?
Avouons le sans fausse modestie, ce jeu en valait vraiment la chandelle puisque grâce à D.IEU, nous ne sommes toujours pas pressés à déposer le bilan… Ouf ! On l'a échappé belle!
Hé oui… Il faut bien que jeunesse passe !
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Humm…Quelle bonne odeur de pain fraichement sortit du four !
Ca te saisit subitement l’odorat, tu ne résistes pas ? Bien sur !
C’est la fameuse BOULANGERIE-PATISSERIE MAHE ! Entre donc !
Je te rejoins de suite… dans ma prochaine page !

GUEDALIA ABENHAIM (GADY EVEN-HAIM)